Gare au Lion savant !

Histoire & secrets #5

Amoureux du patrimoine caché, nous vous dévoilons l’histoire de détails architecturaux et du patrimoine de la Métropole grenobloise.

Pour ce cinquième épisode, rendez-vous rue Pérollerie, la rue des chaudronniers et des marchands de fer. Aujourd’hui on la connaît sous le nom d'un révolutionnaire : la rue Barnave. Là se trouve un petit détail de façade devant lequel de nombreux grenoblois, célèbres ou anonymes, sont passés sans même remarquer ce petit lion ailé lecteur et philosophe.

 

Hôtel particulier et cour secrète

La façade ne porte plus beaucoup de traces de son style gothique du 15e siècle. Remaniée au 18e, les ferronneries ornées de tapis de selles de cheval ont remplacées les fenêtres à meneaux. Seul, le portail gothique surmonté par ce lion majestueux a survécu à tous les aléas de l’Histoire. Même la Révolution l’a laissé tranquille !
Pas un coup de marteau n’est visible, contrairement au blason à l’intérieur de la cour de cet immeuble du 22, rue Barnave.

Si l’entrée donnant sur la rue est étroite, la cour et l’hôtel particulier sont quant à eux d’une dimension bien plus importante. Cette particularité est typique de Grenoble en cette période de fin du Moyen Âge.

Un impôt ayant été mis en place sur la longueur de la façade des bâtiments, les entrées grenobloises subissent une cure d’amaigrissement : plus de façades imposantes, mais à la place des couloirs sur croisées d’ogives pour mener aux cours intérieures.

Un propriétaire prestigieux

À l’entrée de la cour de la rue Barnave, le lion ailé veille. Le nom du propriétaire peut être deviné grâce à celui-ci. Si l’on observe bien, on voit qu’il est couronné d’une auréole de saint et ses ailes confirment l’impression : il s’agit de Saint Marc l’évangéliste, armes parlantes en quelque sorte de François Marc, jurisconsulte du Parlement de Grenoble.

Homme de loi respecté, il souhaite la paix comme on peut le voir sur le phylactère (l’ancêtre de la bulle de bande-dessinée) que le lion tient dans ses pattes. On peut y lire en latin cette parole de bienvenue (ou de mise en garde !) : « Que la paix soit dans cette demeure ».

François Marc est reconnu à l’époque comme un homme intègre et un magistrat compétent. On lui confie des missions extrêmement importantes comme la copie des chartes et privilèges de la ville de Grenoble, qu’il se charge notamment d’authentifier. Tous ces textes, essentiels pour la gestion et la liberté de la cité des trois roses, sont rassemblés dans un manuscrit précieux, le fameux « livre de la chaîne ». Pourquoi de la chaîne ? Tout simplement parce qu’on l’avait scellé au mur de la Tour de l’Isle, alors hôtel de ville, pour éviter les vols !

Pour en savoir plus, attention, le 22, rue Barnave étant une propriété privée, le meilleur moyen pour découvrir la cour intérieure et les secrets de cet immeuble est de suivre l’une des visites guidées de l’Office de tourisme Grenoble-Alpes Métropole. En revanche, pas de problème pour aller saluer le lion, gardien protecteur de ce beau portail médiéval, qui règne sereinement sur sa rue depuis 1490.

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