Une visite guidée de l'Ancien Palais du parlement

Posté par Céline BAUDIN le 25 mars 2019 à 11:57


Par Loïs / Consultez l'ensemble des articles Inspirations Grenoble Alpes

Actuellement fermé pour travaux. Fin des travaux prévu pour mars 2024

Pris d’assaut aux journées européennes du patrimoine, le bâtiment emblématique de la place Saint-André (« place du Trib » pour les Grenoblois) se découvre toute l’année grâce aux visites guidées de l’Office de Tourisme.

Accompagné de Barbara notre guide, je vous emmène à la découverte d’un lieu d’une richesse patrimoniale insoupçonnée… L’Ancien Palais du Parlement.

Si l’on connaît bien son extérieur, sûrement une des plus belles façades de la ville, on ne connaît que très peu l’intérieur du bâtiment.
« C’est plutôt normal, nous fait remarquer Barbara. Jusqu’en 2002, il s’agissait d’un Palais de Justice ! Vous ne devriez normalement pas avoir à y venir tous les jours ! »

Il a été construit au  XIVe siècle pour accueillir le Parlement du Dauphiné. Dissout à la révolution pour devenir « simple » Palais de Justice, le bâtiment accueille aujourd’hui l’administration du Conseil Départemental de l’Isère.

En poussant les grandes portes de l’Ancien Palais du Parlement, ce sont quatre siècles d’histoire du pouvoir et de la justice du Dauphiné que nous allons découvrir.

Cette introduction faite, nous empruntons une galerie ornée de décorations particulières. Des " culs-de-lampe ". L'un d'eux retient toute notre attention…

Des détails surprenants

En désignant la pierre taillée au dessus de nos têtes, notre guide nous demande ce que nous voyons.

Un visiteur se jette à l'eau " Une femme et un homme ? "

" L'homme, explique notre guide, tient d’une main la jambe de la dame, et de l’autre il regarde sous sa jupe ! De son côté, la femme tient sa jupe et de son autre main tire l’oreille de l’homme ! Il s’agit d’une scène coquine ! Regardez bien la tête de la dame, elle rigole ! "

Une scène insolite que l’on ne s’attend sûrement pas à voir dans l’Ancien Palais du Parlement !
Barbara nous explique qu'il "s’agit d’une griffe d’artisans. Ils sont très critiques envers les institutions qu’ils sont en train de décorer. La femme semble punir l’homme en même temps qu’elle rigole. Il s’agit probablement d’une critique de la justice corrompue ! "

Dans une seconde galerie, la galerie des Dauphins, Barbara nous raconte l’histoire du bâtiment en lien avec le royaume du Dauphiné. Dès sa mise en chantier, il doit accueillir le parlement du Dauphiné.

Héritier du conseil Delphinal et de l’institution du royaume du Dauphiné, le conseil est promu au rang de Parlement par Louis XI au XVe siècle. Il devient alors le troisième Parlement de France après Paris et Toulouse.

Sa fonction n’est pas anodine, il est chargé d’enregistrer les édits du Roi. Mais, privilège rare, il dispose d’un droit de remontrance : il peut refuser d’enregistrer un édit s’il le juge inapplicable en Dauphiné.

Un droit aboli par Louis XVI, ce qui provoque la colère des parlementaires. « Ils sortent dans la rue, dans les cafés, et s’adressent directement au peuple – Balzac ne disait-il pas que les cafés sont le parlement du peuple ? Ils les convainquent d’empêcher l’armée du roi de fermer le parlement. Nous sommes le 7 juin 1788. On assiste à la journée des tuiles ».
Un événement considéré comme l’étincelle de la Révolution française.

Le cœur du bâtiment : ses salles anciennes et leurs décors.

Nous commençons par le Tribunal Civil. La pièce est décorée par de fines boiseries au motif végétal datant du XVIe, sur laquelle ont été ajouté plus tardivement, les blasons des grandes villes du Dauphiné (Orange, Vienne, Valence, Briançon…).

Au milieu de ce décor, un magnifique dais – une sculpture en bois de tilleul servant à l’origine de couronnement de la chaire du président de la chambre des comptes – tient une place centrale face au public. La grande tenture bleu-sombre ponctue la décoration de cette pièce.

Une autre tenture retient toute notre attention, celle bleu-azur aux motifs dorés de dauphins et de fleur de lys de la Cour d’Appel. Elle a été réalisée pour les Jeux Olympiques de Grenoble 1968. C'est sans aucun doute une des plus belles salles de l’Ancien Palais du Parlement.

On s’amuse à chercher les symboles de justice dans ce décor : le glaive qui tranche et prend les décisions, le flambeau, qui fait la lumière sur les affaires. Et le sceptre, la main de justice, détenue par le roi. Il rappelle à tous qu’il n’existe pas d’instance supérieure.

Liés à la cour d’appel par le style et par sa proximité immédiate, nous découvrons maintenant le salon bleu, ou la salle de délibération. Une grande salle richement décorée, reprenant la tenture bleu-azur de la cour d’appel et accueillant en son centre une grande table et d’élégants sièges. Elle est le véritable joyau de l’Ancien Palais du Parlement.

Au centre du plafond, une farandole de putti (des angelots) finement ciselés encadre une table de loi. Entre tournesols et têtes auréolées de rayon de soleil, la symbolique de Louis XIV est omniprésente.

Après un détour par l’abside de l’ancienne chapelle, édifiée autour des années 1500 dans un style gothique flamboyant, nous faisons un nouveau bond dans le temps pour découvrir la cour d’assises.

Barbara nous place dans un box.
« Ici, vous n’êtes pas à la place des jurés - comme dans les séries américaines - mais plutôt à celle des accusées. Derrière vous, vous pouvez remarquer une petite porte… Elle donne directement sur les cellules du tribunal ! »

Dans ces lieux se sont joués de grands procès :

François de Nobilibus, un moine franciscain condamné au bûcher pour sorcellerie après deux années de procédure, Guy Eclache collaborateur nazi engagé dans la SS à qui l’on va attribuer plus de 200 crimes…

La sentence est irrévocable

Dans cette salle, la place des 6 jurés est tirée au sort. Ils ne sont pas positionnés sur un des côtés du tribunal, mais au centre, aux côtés des magistrats : le président, et ses deux assesseurs. Leur rôle est d’aider les jurés en dirigeant les débats.

Fort heureusement pour nous, nous sommes acquittés par Barbara et nous ressortons libres du box des accusées !

Nous ressortons de l’Ancien Palais du Parlement avec le sentiment d’avoir découvert tout un pan de l’histoire du Dauphiné. Avec en tête les images des boiseries, des tentures et des dorures qui ornent ce lieu à la richesse patrimoniale à la hauteur de son glorieux passé.

Si vous souhaitez à votre tour suivre une visite guidée de l'Ancien Palais du parlement avec Barbara ou avec autre guide de l’Office de Tourisme.

Profitez d'une visite virtuelle en ligne de l'Ancien Palais du Parlement

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